Message de Noël 2010 de S. Em. l’Archevêque Gabriel de Comane.
Chers frères et sœurs dans le Christ,
« Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation qui nous console dans toute nos afflictions afin que nous puissions consoler les autres… » (2 Cor.1, 3-4)
Nous voici arrivés à la fête de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ. Comme chaque année, c’est un moment de grande grâce que nous vivons tous ensemble dans la joie, un moment privilégié que j’aime partager avec vous en ce jour.
Pourquoi sommes-nous tous dans la joie ? Parce que l’annonce de l’ange aux bergers s’adresse aussi à nous comme à tous les hommes de la terre : « Aujourd’hui il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur ! »
Tout l’Ancien Testament nous parle de cette attente du Salut et le vieillard Siméon exprime, au nom de tout le genre humain, la conséquence de cet événement si fort qu’est l’accomplissement de la promesse du Salut : « Maintenant Maître tu peux laisser ton serviteur s’en aller en Paix, car mes yeux ont vu Ton Salut, lumière pour éclairer les nations… »
Mais comment, nous, aujourd’hui, devons-nous vivre cette « grande joie » dont parle l’ange aux bergers ? A quoi correspond cette annonce et comment résonne-t-elle dans nos cœurs ?
Le monde entier, l’univers, semble bien être dans des ténèbres profondes. Certes nous voyons dans nos villes et nos villages tout un tas de décorations étincelantes, pour beaucoup la fête se manifestera par des repas festifs et des échanges de cadeaux, mais, malheureusement, il semble que la raison de cette fête, le sens réel de cet événement que nous célébrons, se trouve évacuée et qu’une majorité de nos frères ne sait plus pourquoi nous sommes dans la joie.
Avons-nous conscience de la détresse des hommes de cette terre où tous les moyens sont bons pour oublier la souffrance, moyens toujours insatisfaisants, éphémères, artificiels…
Toute cette description peut nous laisser bien pessimistes et nous entraîner à dire « à quoi bon ? Où est-il ce Salut proposé par Dieu ? ».
L’humanité apparaît à nos yeux dans une grande dégénérescence, l’homme est comme défiguré. Il semble bien que l’on ne sache plus aimer !
Ne nous leurrons pas ! La situation n’était pas plus brillante, il y a plus de deux mille ans… Et pourtant, il y a eu un grand changement, un bouleversement même : à Bethléem s’est manifesté l’amour fou de Dieu ! Le Fils unique et Verbe de Dieu, deuxième Personne de la Sainte Trinité, s’est épris de tous les hommes de la terre, fruits de la création qui telle qu’elle était et telle qu’elle est aujourd’hui est accueillie dans sa fragilité, sa faiblesse et ses blessures. Le Christ dans la crèche tend les bras aux petits que sont les bergers comme aux grands que sont les mages.
Cet amour infini, cette miséricorde sans fin nous sont offerts sans aucune condition et les bras tendus vers nous le seront encore davantage lorsqu’ils seront cloués sur le bois de la Croix pour nous prouver combien nous sommes aimés par noter Seigneur Jésus-Christ !
C’est en acceptant de venir sur cette terre sous la forme la plus fragile qui soit : un petit enfant, que le Seigneur Jésus connaît et expérimente dans sa chair, dès son premier cri, toute la détresse de l’homme. Ainsi, nous est proposé tout le bénéfice de l’Amour Divin.
Ce que nous avons reçu, nous en sommes responsables : nous n’avons pas de gloire à tirer d’être chrétien, car tout nous a été donné ! Mais nous devons savoir rendre gloire à Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux ! », cette phrase que nous disons au début de la Divine Liturgie, nous devons l’intégrer à toute notre vie et y associer tous les hommes de la terre, dans leur joie comme dans leur peine !
Nous ne devons pas goûter la joie de Dieu, en oubliant la détresse des hommes.
Les bergers ont probablement offert quelques agneaux à Marie pour son Fils, les mages ont apporté de somptueux présents. Et nous qu’offrirons-nous ? Notre action de grâce ? Certes ! la joie d’accueillir notre Sauveur ? Bien sûr ! Mais n’oublions pas de déposer aux pieds du Christ tous nos frères dans la détresse, car comme le dit Saint Silouane l’Athonite : « Notre frère est notre propre vie ». Accueillons la joie de Dieu qui se donne à nous et « déposons maintenant tous les soucis de ce monde ». C’est cela l’Espérance qui jaillit en cette nuit de Noël et c’est ainsi que le monde est sauvé ! Dans la joie de la Nativité, je vous bénis tous avec beaucoup d’affection dans le Seigneur.
Paris, cathédrale Saint Alexandre Nevsky,
Noël 2010.
† Archevêque Gabriel de Comane,
Exarque du Patriarche œcuménique.