Hommage au père Michel Fortunatto
Ce samedi 19 février 2022, s’est éteint le révérend archiprêtre Michel Fortunatto à l’âge de 90 ans.
Les étapes de sa vie terrestre ont été très bien décrites par le diacre Matvei Leszczynski. Nous retenons de ce beau témoignage l’image d’un prêtre entièrement voué à la vie de l’église et, plus particulièrement, à l’amour du chant liturgique.
Ces dernières années, alors qu’il avait pris congé de son activité parisienne, nous avions estimé naturel d’octroyer au père Michel Fortunatto la présidence d’honneur de l’association Chants Liturgiques Orthodoxes, fondée il y a plus de cinquante ans à Paris sur l’initiative du regretté Nicolas Spassky. L’association, dont l’activité se limite aujourd’hui aux concerts annuels des chœurs russes de Paris à l’église Saint-Roch, organisait alors des cours d’ordo et de pratique du chant liturgique destinés à la jeune génération orthodoxe parisienne.
Le père Michel, de bienheureuse mémoire, fit ses études à l’Institut Saint-Serge de Paris (1951), où il étudia auprès d’illustres professeurs qui firent la réputation de cette école, ayant pour tache la formation du clergé et le témoignage de la théologie orthodoxe en Occident. Cependant, le père Michel est attiré avant tout par la liturgie, et il trouvera à Saint-Serge, à l’instar de beaucoup d’entre nous, le maître qui sut lui communiquer l’amour des offices divins et la connaissance du chant d’église dans la tradition russe : Nicolas Ossorguine, de bienheureuse mémoire.
En 1965, le père Michel est nommé “régent” (Maître de chapelle) à la cathédrale du diocèse de Souroge à Londres, où il entreprend un grand travail d’adaptation des mélodies liturgiques en langue anglaise. Les offices divins y seront désormais chantés dans les deux langues. Ayant une prédilection pour le compositeur Alexandre Kastalsky, le père Michel enrichira le répertoire d’église de nombreux arrangements de cette brillante figure de l’école du Renouveau du début du XXe siècle russe. Son expérience au “kliros” fera de lui un des meilleurs témoins de l’héritage liturgique de l’émigration.
Au début des années 1990, le père Michel donnera de nombreuses conférences en Russie, offrant le fruit mûr de presque 30 ans d’expérience aux enfants de l’Eglise russe renaissante après tant de décennies d’oppression religieuse.
Revenu en France depuis 2005, il s’établit dans la région de Vichy au côté de ses deux frères.
En 2008, le père Michel organise un congrès de chant liturgique dans les murs de la colline Saint-Serge, et à partir de 2009, il y enchaîne cours et Master-class jusqu’en 2014, où, n’ayant plus la force de se rendre à Paris, il continuera son témoignage par des écrits consacrés à la théologie, l’exégèse et l’art liturgique.
Il est juste de mettre à l’honneur, au côté du père Michel, sa remarquable épouse, matouchka Mariamna, iconographe et indéfectible soutien de son noble époux durant plus de 60 ans. Nous lui exprimons nos profondes condoléances et prions Dieu de lui accorder la consolation, par l’intercession céleste de la très sainte Mère de Dieu et de tous les saints dont, toute leur vie, l’un et l’autre ont chanté la louange à travers l’art liturgique.
Que le Seigneur reçoive dans ses célestes parvis le révérend archiprêtre Michel ! Вечная память!
Protodiacre Alexandre Kedroff,
Président de l’association Chants Liturgiques Orthodoxes.